« Dans Le jeu de l’amour et du hasard, pièce créée en 1730, Marivaux met encore les cœurs à l’épreuve. (…).
Ainsi de Dorante et Silvia. Fiancés sur papier par l’amitié de leurs pères, ils redoutent de s’engager sans se connaître et usent sans le savoir du même stratagème pour observer à leur guise la vraie mine de leur parti : tous deux se glissent sous la mise de leurs domestiques, Arlequin et Lisette.
Craignant la mésalliance, Dorante comme Silvia résistent à leurs sentiments, alors que leurs gens tout au contraire espèrent en leur idylle pour se hisser d'un rang.
C'est toute la mécanique subtile de cette double partition, amoureuse et sociale, que je souhaite mettre en scène, en m’appuyant sur les codes d’aujourd’hui. (…)
L’expérience dans laquelle Marivaux jette ces jeunes gens, les démet de leur fonction et les perd dans le doute de leur identité. Ils espèrent être aimés pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils représentent.
L’espace, en perpétuelle métamorphose, révèlera les mouvements intérieurs qui les travaillent, à l’insu de leur conscience. (…)
Derrière le rire et la danse allègre des mots, se devineront la panique intime et l'âpreté de ce combat entre soi et soi, jusqu’à ce que la vérité advienne par le mensonge… et le jeu du théâtre. »
LaurentLaffargue, metteur en scène, Gwénola David, dramaturge